Le Balcon
Charles Baudelaire
(1821-1867)
Les Fleurs du Mal
Le Balcon, poème de Charles Baudelaire, est tiré du recueil Les Fleurs du Mal publié en 1857 (section Spleen et Idéal).
Baudelaire évoque les souvenirs de ses soirées heureuses en compagnie d'une femme (Jeanne Duval). Celle-ci tient le rôle principal et une place centrale dans ce poème.
📖
Mère des Souvenirs, Maîtresse des Maîtresses,
Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs !
Tu te rappelleras la beauté des caresses,
La douceur du foyer et le charme des soirs,
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !
🔥
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,
Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses.
Que ton sein m'était doux ! que ton cœur m'était bon !
Nous avons dit souvent d'impérissables choses
Les soirs illumines par l'ardeur du charbon.
🌞
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
Que l'espace est profond ! que le cœur est puissant !
En me penchant vers toi, reine des adorées,
Je croyais respirer le parfum de ton sang.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
🌜
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison,
Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles,
Et je buvais ton souffle, ô douceur ! ô poison !
Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles.
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison.
🎨
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses,
Et revis mon passé blotti dans tes genoux.
Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses
Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton cœur si doux ?
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses !
Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs !
Tu te rappelleras la beauté des caresses,
La douceur du foyer et le charme des soirs,
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !
🔥
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,
Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses.
Que ton sein m'était doux ! que ton cœur m'était bon !
Nous avons dit souvent d'impérissables choses
Les soirs illumines par l'ardeur du charbon.
🌞
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
Que l'espace est profond ! que le cœur est puissant !
En me penchant vers toi, reine des adorées,
Je croyais respirer le parfum de ton sang.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
🌜
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison,
Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles,
Et je buvais ton souffle, ô douceur ! ô poison !
Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles.
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison.
🎨
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses,
Et revis mon passé blotti dans tes genoux.
Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses
Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton cœur si doux ?
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses !
💋
Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,
Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes,
Comme montent au ciel les soleils rajeunis
Après s'être lavés au fond des mers profondes ?
- Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis !
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Fleurs_du_mal/1857/Le_Balcon
Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes,
Comme montent au ciel les soleils rajeunis
Après s'être lavés au fond des mers profondes ?
- Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis !
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Fleurs_du_mal/1857/Le_Balcon
Dans
le poème Le Balcon, Baudelaire rappelle le souvenir d’une femme aimée
avec laquelle il a connu une relation fraternelle et amoureuse
ambivalente. Mais surtout, il chante l’harmonie de ce souvenir, le
suggère en lui redonnant puissance et pouvoir émotionnel. Le poète
s'interroge sur le bonheur passé et sur le possible retour de ce bonheur
dans le futur.
I. Le Lyrisme
1. L'énonciation
2. Importance des sensations et des sentiments
3. L'accord avec l'univers
II. Un cadre intime2. Importance des sensations et des sentiments
3. L'accord avec l'univers
1. L'intimité amoureuse
2. Des lieux clos
3. Des fins de journées
III. Une remémoration2. Des lieux clos
3. Des fins de journées
1. Des souvenirs heureux, de plaisir
2. Cadre temporel instable
3. Evocation et invocation
4. De l'espérance à la crainte
2. Cadre temporel instable
3. Evocation et invocation
4. De l'espérance à la crainte
Majas al Balcone 🎨 Francisco Goya
Le Balcon 🎨 Edouard Manet
1868-1869
The Balcony
Addressed
to Baudelaire’s mistress Jeanne Duval, this is one of the most
beautiful poems of one of the world’s greatest poets. The original
French poem is followed by several different English translations. I
have put the three relatively literal prose translations first because I
want to encourage you to try reading the original, even if you know
little or no French. The verse renderings all have significant and in
many cases ludicrous flaws. Often they distort the meaning or even
fabricate some totally different meaning (usually in order to come up
with a rhyme); but even when they stay fairly close to the original
sense there are invariably passages that strike a false note, words or
phrases that just don’t have the right tone or rhythm. At best, some of
the English versions sometimes give a hint of the original. More often
they merely serve as object lessons in the difficulties of translation.
📖
Mother of memories, mistress of mistresses,
O you, all my pleasure, O you, all my duty!
You'll remember the sweetness of our caresses,
The peace of the fireside, the charm of the evenings.
Mother of memories, mistress of mistresses!
🔥
The evenings lighted by the glow of the coals,
The evenings on the balcony, veiled with rose mist;
How soft your breast was to me! how kind was your heart!
We often said imperishable things,
The evenings lighted by the glow of the coals.
How splendid the sunsets are on warm evenings!
How deep space is! how potent is the heart!
In bending over you, queen of adored women,
I thought I breathed the perfume in your blood.
How splendid the sunsets are on warm evenings!
🌞
The night was growing dense like an encircling wall,
My eyes in the darkness felt the fire of your gaze
And I drank in your breath, O sweetness, O poison!
And your feet nestled soft in my brotherly hands.
The night was growing dense like an encircling wall.
🎨
I know the art of evoking happy moments,
And live again our past, my head laid on your knees,
For what's the good of seeking your languid beauty
Elsewhere than in your dear body and gentle heart?
I know the art of evoking happy moments.
💋
Those vows, those perfumes, those infinite kisses,
Will they be reborn from a gulf we may not sound,
As rejuvenated suns rise in the heavens
After being bathed in the depths of deep seas?
— O vows! O perfumes! O infinite kisses!
* William Aggeler, The Flowers of Evil
Mother of memories, mistress of mistresses,
O you, all my pleasure, O you, all my duty!
You'll remember the sweetness of our caresses,
The peace of the fireside, the charm of the evenings.
Mother of memories, mistress of mistresses!
🔥
The evenings lighted by the glow of the coals,
The evenings on the balcony, veiled with rose mist;
How soft your breast was to me! how kind was your heart!
We often said imperishable things,
The evenings lighted by the glow of the coals.
How splendid the sunsets are on warm evenings!
How deep space is! how potent is the heart!
In bending over you, queen of adored women,
I thought I breathed the perfume in your blood.
How splendid the sunsets are on warm evenings!
🌞
The night was growing dense like an encircling wall,
My eyes in the darkness felt the fire of your gaze
And I drank in your breath, O sweetness, O poison!
And your feet nestled soft in my brotherly hands.
The night was growing dense like an encircling wall.
🎨
I know the art of evoking happy moments,
And live again our past, my head laid on your knees,
For what's the good of seeking your languid beauty
Elsewhere than in your dear body and gentle heart?
I know the art of evoking happy moments.
💋
Those vows, those perfumes, those infinite kisses,
Will they be reborn from a gulf we may not sound,
As rejuvenated suns rise in the heavens
After being bathed in the depths of deep seas?
— O vows! O perfumes! O infinite kisses!
* William Aggeler, The Flowers of Evil
(Fresno, CA: Academy Library Guild, 1954)
No comments:
Post a Comment